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Et c'est ainsi que..
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28 février 2011

Capillaire

 

Bon ! Comme cela fait à peu près une éternité que je n'ai rien posté sur ce brave blog, si je peux appeler ça comme ça, je vais réécrire ma dernière dissert' de philo, parce que le sujet me semble bien intéressant.Bon, évidemment ça reste bien scolaire, références obligées, plan déjà construit...

Ahem, c'est après l'avoir recopiée que je me rend compte que c'est plutôt de la merde, mais c'était long et barbant alors je rentabilise quand même.

 

     Faut-il admettre toutes les opinions ? (haha ça vous en colle une, hein !)
L’humanité a pour valeur fondamentale la tolérance, principe inculqué dès le plus jeune âge. Il est ainsi de notre devoir de respecter la manière de penser d’autrui, les avis, les opinions, même si notre point de vue diverge : là se situe le dialogue constructif et ce qui nous constitue en tant qu’animal penseur. Une opinion est un point de vue, et dès lors qu’il est existe un point de vue à propos d’un sujet, il s’agit d’une croyance subjective, c’est-à-dire discutable.
Néanmoins le rapport aux opinions extérieures n’est pas si simple : est-ce moral d’admettre absolument toutes les opinions ? Dans l’immédiat, nous serions tentés de répondre « oui » au nom de la tolérance à laquelle nous nous plions constamment depuis l’aube de notre socialisation.
Toutefois, cette réponse suffit à sa propre remise en cause : devons-nous de ce fait également accepter les opinions intolérantes sous prétexte qu’il faut admettre tout propos ?
A travers cette argumentation, nous verrons dans quelle mesure toutes les opinions doivent en effet être admises, puis nous établirons les limites de ce principe, qui dans l’absolu demeure moralement inconcevable.

 

     La tolérance est une des valeurs primaires de l’humanité, celle qui mène les peuples à la cohabitation, celle qui bâtit la richesse des échanges. C’est précisément l’acceptation même des différences au sein du monde. Ces différences proviennent de la situation de chacun : chaque homme possède un vécu unique qui constitue son identité et sa place dans la société. Et c’est ce passé qui forge en grande partie les idées d’un individu, ses rapports avec autrui. C’est sur ce principe que repose la citation de Montaigne : « Il ne fut jamais au monde deux opinions semblables ». Ne pas respecter la manière de penser de chacun, c’est donc ne pas respecter sa personne. En effet, comment récuser d’emblée une opinion issue d’une toute autre position s’appuyant sur des expériences, des références autres que les nôtres ? N’est-ce pas justement avancer dans la réflexion que d’écouter une opinion fondée différemment ? Car il ne faut pas oublier que respecter l’opinion d’autrui, ce n’est pas nécessairement y adhérer.
D’autre part, nous devrions partager toute opinion avant de pouvoir la repousser de notre jugement personnel. Contredire immédiatement une opinion sans avoir cherché à se l’approprier dans un premier temps est de l’ordre du dogmatisme : « il faut avaler avant de vomir », dit un dicton. Comment contredire un propos sans passer par le pourquoi de son existence ? Si une opinion subsiste, c’est que des arguments l’entretiennent et la crédibilisent. Tout avis est discutable et possède des pour et des contre ; ainsi une opinion d’aspect indubitable est toujours plus complexe qu’elle le paraît. Ce qui caractérise une opinion, c’est avant tout les arguments qui la défendent. A partir du moment où une personne avance des arguments en faveur d’un opinion, même contraire à la nôtre, on se doit de les recevoir, quitte à les contredire ensuite à l’aide d’arguments contraires.
Rejeter une opinion sans écouter les arguments qui la fondent, c’est avoir peur d’enfreindre la morale publique. Mais après tout, cette dernière est elle-même issue d’opinions formées avant même que d’être pensées… Est-ce moral d’adhérer aveuglément à une opinion générale ? Non, puisque une opinion est précisément un point de vue personnel. Mais, il faut cependant accueillir les opinions publiques sans forcément les partager entièrement : c’est d’une opinion déjà formée que naissent généralement d’autres points de vue.
A l’échelle d’un pays, les opinions publiques que l’Etat crée sont facilement apparentables à une forme de propagande. Shakespeare a dit : « peste que soit de l’opinion publique ! Un homme vous l’endosse aussi bien à l’endroit qu’à l’envers » dans les sens où la société transmet des idées car elles sont générales et bien vues plus que pour leur qualité réelle. L’opinion publique est une coquille dure et non malléable que les médias et le monde feignent de remplir. Or, un gouvernement se doit d’admettre toutes les opinions, d’où le droit d’expression auquel le citoyen dispose selon les Déclarations des droits de l’Homme et du citoyen.

 

     Cependant, accepter la morale publique sans réfléchir à ce que ses idées impliquent, c’est surtout craindre le jugement d’autrui. La vie en société est formée d’un mélange d’opinions mais également d’une pression perpétuelle face au jugement. « Si nous nous trouvons tellement à l’aise dans la pleine nature, c’est qu’elle n’a pas d’opinion sur nous » déclare Nietzsche dans Humain, trop humain. D’où l’idée de lourde influence de la société face à l’élaboration de notre manière de penser. Par exemple, certaines personnes jureraient d’être entièrement tolérantes envers les étrangers, pour ne pas violer la norme sociale. Cependant, rien ne les empêchera dans les faits réels de faire preuve de xénophobie, mais la conscience tranquille puisque officiellement leur position est morale. Bachelard a ainsi cité : « l’opinion a, en droit, toujours tort ». En effet, l’opinion n’est qu’une enveloppe artificielle tout à fait maquillable au gré d’une apparence publiquement appréciable. Il n’est donc pas de l’ordre d’une fermeture d’esprit de ne pas admettre une opinion si celle-ci est infondée et ne fait l’objet que d’un désir de reconnaissance au sein de la société.
Certaines opinions sont également incontestablement incorrectes, comme les doctrines nazies, le racisme, l’homophobie. Ceci dit ce jugement radical est explicable ici : ces idées immorales le sont car aucun argument valable n’est fiable pour les expliquer. Hitler a souhaité éradiquer les « races impures » pour atteindre, à priori, l’élite. Mais cet argument est absolument infondé : qu’est ce qui détermine la pureté d’une race ? Ce n’est ni physiquement ni moralement défendable et c’est ce qui définit la barbarie, la perversité de ses idées.
Néanmoins, une opinion est jugée inacceptable – et non plus seulement non adhérable – dans la seule mesure où est elle concrètement mise en œuvre. Si Hitler avait gardé ses projets à l’état de projets, il n’aurait jamais été l’allégorie de l’erreur humaine. Car comme le cite Harry Truman : « Dans un pays libre, on punit les gens pour leurs crimes, mais jamais pour leurs opinions », l’opinions étant purement abstraite et non vérifiable, elle ne peut être punie que dès lors qu’elle a un impact matériel illégitime (ma prof n’est pas d’accord mais bon, hein !) ; elle doit donc être concrètement mise en œuvre. Nous sommes libres de penser ce que l’on pense mais « la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres », et c’est aussi cette liberté d’opinion qui fait qu’un avis ne doit être universel : la propagande est une opinion universelle, et elle est dangereuse pour la liberté humaine. L’Homme doit certes demeurer tolérant face à l’avis des autres, mais il doit garder un avis critique sur ceux-ci afin de conserver sa liberté individuelle de penser comme il l’entend. Il ne faut pas oublier qu’une opinion fondée n’est ni bonne, ni mauvaise, mais bien les deux à la fois et digne de discussion.
Récuser une opinion est considéré comme fermeture d’esprit dès lors que l’on refuse les arguments de la personne pour tenter de la convaincre de changer de point de vue. En revanche, mener l’autre à réfléchir pour rejeter son avis est bien plus constructif qu’un désaccord immédiat : les arguments en seront d’autant plus solides et certainement plus équilibrés entre le pour et les contre, c’est-à-dire plus modérés.

 

     Il s’agissait de se demander s’il est moralement correct d’admettre toutes les opinions. Il semblerait que le droit d’avoir une opinion est un droit inaliénable qui constitue l’identité de chacun. C’est aussi une richesse que d’accepter un point de vue nouveau de façon à réviser le nôtre, quitte à par la suite refuser d’y adhérer. Un Etat, lui, se doit de respecter la diversité des opinions en évitant à tout prix la propagande politique. Toutefois, l’opinion est une image publique non vérifiable, il faut donc rester critique et ne pas forcément rester dans l’acceptation même si celle-ci est essentielle dans un premier temps. Une opinion ne peut être acceptée si elle touche à la liberté de quelqu’un c’est-à-dire si est elle concrétisée et illégitime, car cela veut dire que cette opinion n’est pas suffisamment fondée. Enfin, récuser une opinion moralement, c’est mener l’autre à réfléchir et non le convaincre. Il est donc nécessaire d’admettre toutes les opinions, mais également de les récuser afin de conserver une liberté individuelle tout en tolérant les différences.

 

Mais bon, après tout ce n'est que mon opinion. ;)

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