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Et c'est ainsi que..
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31 octobre 2009

Rivière

Will Hunting : réplique

Will : On se paie un instant privilégié entre mecs ? C’est sympa cet endroit. C’est votre truc les cygnes ou quoi, c’est un genre de fétichisme je sais pas ça vaut peut être qu’on passe un moment là-dessus ?

Sean : J’ai réfléchit à ce que tu m’avais dit l’autre jour, à propos de ma peinture.

Will : Ah.

Sean : J’ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir. Et puis j’ai eu un flash ; après je me suis paisiblement endormi et depuis je n’ai plus pensé à toi. Tu sais ce que j’ai compris ?

Will : Non ?

Sean : Tu n’es qu’un gosse. Tu parles sans avoir la moindre idée de ce dont tu parles.

Will : Merci beaucoup.

Sean : Pas de quoi. Tu n’es jamais sorti de Boston ?

Will : Nan.

Sean : Si je te dis de parler d’art tu vas me balancer un condensé de tous les livres sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui ? Sur son œuvre, sur ses choix politiques, sur lui et sur le Pape, ses tendances sexuelles et tout le bazar, quoi. Mais je parie que ce qu’on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur tu connais pas. Tu sais pas ce que c’est de lever les yeux vers le magnifique plafond… tu sais pas. Si je te dis de parler des femmes, tu vas m’offrir un topo sur les femmes que tu as le plus aimées, il t’es peut être même arrivé de baiser quelques fois. Mais tu ne sauras pas me décrire ce que c’est de se réveiller près d’une femme et de te sentir vraiment heureux. Tu es un coriace. Si je te faisais parler de la guerre c’est probablement tout Shakespeare que tu me citerais, une fois de plus sur la brèche mes amis ! mais tu n’as pas vécue la guerre. Tu n’as jamais tenu contre toi ton meilleur ami, tu ne l’as pas vu halter jusqu’au dernier souffle avec un regard qui implore. Si je te fais parler d’amour, tu vas probablement me dire un sonnet… mais tu n’as pas connu de femme devant lesquelles tu t’es senti vulnérable, une femme qui t’ait étalé d’un simple regard. Comme si Dieu avait envoyé un ange sur Terre pour toi, pour t’arracher aux profondeurs de l’enfer. Et tu sais pas ce que c’est que d’être son ange à elle, et de savoir que ton amour pour elle est éternel et survivra à tout… même au cancer. Et aux nuits passées assis dans une chambre d’hôpital pendant des mois en lui tenant la main parce que les médecins ont lu dans tes yeux que tu n’as pas l’intention de te plier aux heures de visite. Tu ignores ce que c’est de perdre quelqu’un. Parce qu’on sait ça quand on sait aimer plus qu’on ne s’aime soi-même. Je doute que tu aies jamais osé aimer à ce point. Quand je te regarde, ce n’est pas un homme intelligent et solide que je vois. Ce que je vois c’est un gosse culotté qui meurt de trouille. Mais tu es un génie, Will, ça personne ne le nie. Personne pourrait comprendre ce qui est au fond de toi. Mais toi tu présumes que tu sais tout de moi parce que tu as vu une toile que j’ai peinte et ça ça te permet de disséquer ma vie. Tu es orphelin, n’est-ce pas ? Tu crois que je sais quelque chose des difficultés que tu as rencontrées dans la vie, de ce que tu ressens, de ce que tu es, sous prétexte que j’ai lu Oliver Twist ? Est-ce que ça suffit à te résumer ? Personnellement, j’en ai vraiment rien à foutre de tout ça parce que je vais te dire moi, je n’ai rien à apprendre de toi que je lirai pas dans n’importe quel bouquin… A moins que tu veuilles me parler de toi, de qui tu es. Là, ça m’intéresse. Là, je suis à toi. Mais c’est pas ce que tu veux faire, hein vieux ? Tu as trop peur de ce que tu pourrais dire. La balle est dans ton camp.

[ Scoop : Les vendeurs de crêpes sont sans doute tous des sans papiers ]

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